La résistance de Plasmodium falciparum, agent du paludisme, aux combinaisons thérapeutiques à base d'artémisinine impose la recherche de nouvelles molécules antipaludiques. Le risque de résistance croisée entre artémisinines et candidats-médicaments, de même que la capacité de Plasmodium à devenir résistant à ces composés doivent être évalués, notamment pour tout antipaludique à base d'endoperoxyde.
Nous avons étudié ce potentiel de résistance croisée en utilisant différentes trioxaquines®, molécules antipaludiques hybrides composées d'une partie quinoléine et d'une partie endoperoxyde.
Les résultats obtenus mettent en évidence une résistance croisée entre les artémisinines et les trioxaquines aussi bien avec la souche de laboratoire F32-ART, résistante aux artémisinines qu'avec des isolats de patients artémisinines-résistants prélevés au Cambodge. De plus, l'exposition in vitro, pendant plus de 3 ans, d'une souche de P. falciparum sensible, à des doses croissantes de trioxaquine a entraîné la sélection d'une souche résistante non seulement aux trioxaquines mais également aux artémisinines et présentant un polymorphisme du gène pfk13.
La structure hybride des trioxaquines ne permet donc ni d'empêcher la résistance croisée entre trioxaquines et artémisinines, ni d'éviter la sélection de parasites résistants et mutés pour le gène pfk13 ce qui, sur le terrain, pourrait conduire à une véritable impasse thérapeutique.